Focus Music-Box #51 : Agathe / Harmo Draüs

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Mai 2023
Focus Music-Box #51 : Agathe / Harmo Draüs

Focus en interview croisée avec deux artistes normandes qui viennent de sortir leur premier EP et leur premier album : Harmo Draüs, artiste caennaise vient de sortir « Mistifis », EP 5 titres le 7 avril 2023 ; Agathe, artiste ébroïcienne vient quant à elle de sortir son premier album 8 titres « Beautiful Damages » le 5 mai 2023. L’occasion de faire se rencontrer Agathe et Harmony afin qu’elles nous parlent de leurs projets respectifs, mais également qu’elles nous parlent de sujets qui leur sont chers comme la place des femmes dans les musiques actuelles ainsi que de leur engagement à ce niveau.

 

Pouvez-vous nous faire une présentation de vos projets respectifs ?

Harmony : Mon projet solo est Harmo Draüs. C’est difficile de donner une étiquette, mais on va dire que ça peut être de l’électro-pop alternatif. J’appelle ça dreamgaze avec une touche d’électro parce que c’est un projet qui est beaucoup influencé par la dream-pop et des courants post-punk, mais aussi électroniques, pop. Il y a un petit mélange d’influences. C’est un projet qui existe dans ma chambre depuis longtemps, mais qui sort officiellement cette année avec un premier EP qui est sorti le 7 avril, un premier single sorti le 20 janvier, deux compositions que je jouais déjà en live et qui étaient là depuis 3 ou 4 ans. C’est un projet où je suis en solo sur scène, mais j’ai collaboré avec des gens sur cet EP. C’est un projet qui est sorti sur le label que j’ai créé en 2019, Lilie’s Creatures.

Agathe : Mon projet porte assez basiquement mon prénom, Agathe. J’ai cherché pendant longtemps, si je ne pouvais pas trouver autre chose, mais ça ne m’est jamais venu. A la base, je fais plutôt de la folk. J’ai commencé la musique assez tôt et à composer mes premières chansons à l’adolescence, et comme Harmony, c’étaient des chansons qui restaient pas mal dans la chambre, même si je les jouais un peu en café-concert à Evreux. Mais je n’en ai jamais fait grand-chose, à part un petit EP qui est sorti en 2016 et qui s’appelle « Bathroom ». C’est un live acoustique enregistré dans une salle de bain. 
Je suis ensuite partie aux Beaux-Arts à Caen et j’ai un peu laissé de côté la musique. Je considère avoir commencé à entreprendre une démarche professionnelle pour mon projet à partir de 2021, au moment où je suis entrée en tant qu’inkubbatrice au Kubb et où j’ai lancé l’enregistrement de mon premier album. Avec le recul, je me dis que ce lancement était un petit peu optimiste et peut-être que par stratégie, il aurait fallu sortir un EP plutôt qu’un album…

 

Cette question d’un EP à la place d’un album, ou à l’inverse, d’un album à la place d’un EP s’est posée à toutes les deux ?

Agathe : En fait, je voulais que ce soit un EP. J’avais écrit beaucoup de chanson pendant le confinement, et certes, il y avait de quoi faire un album, même un album de plus de 8 chansons. Un copain m’a motivée à faire un album plutôt qu’un EP. J’y suis allée, mais complètement naïvement, voire trop naïvement, car cela m’a coûté très cher de faire cet album. Je pense qu’un EP ça aurait été bien, mais je ne suis pas mécontente d’avoir fait un album.

Harmony : Pour ma part, je ne sais pas si c’était un choix stratégique vraiment décidé comme ça. Je trouve que cette notion de faire un EP avant de faire un album est un peu calquée sur des schémas qu’on essaie maintenant d’appliquer stratégiquement sur des sorties. Je ne suis pas sûre que ce soit toujours pertinent. Je pense comme le dit Agathe, qu’il y a surtout les questions du coût, du temps et de l’investissement à se poser. C’est vraiment propre à chacun. J’ai l’impression que la consommation de la musique par le public se fait presque plus par titres que par opus. 
J’ai choisi un EP parce qu’il y avait une cohérence artistique pour ces cinq titres-là regroupés sous un format comme celui-ci. Mais j’aurais pu les sortir séparés comme j’aurais pu les mettre sous la forme d’un album. Si j’avais eu dix titres cohérents à rassembler, j’aurais peut-être fait le choix de le sortir comme ça. J’aime bien l’idée de penser un projet de sortie comme un concept et un propos artistique. C’est ça qui doit toujours compter. Ensuite, je trouve que les stratégies, il y en a des milliards qui se valent.

 

Vous avez par exemple toutes les deux sorti des singles avant la sortie de l’EP et de l’album.

Harmo : « Miles Away » est sorti le 20 janver et « IMH » le 17 mars.

 

Agathe : « 6 AM », « Tracker Dog », « Sweet Song » et « Witches Boom » sont sortis sous forme de single et de clip.

 

En parlant des clips, il y a beaucoup de noir et blanc dans les tiens Agathe. Pourquoi ce choix du noir et blanc, c’est le hasard ?

Agathe : Il y a un peu de couleur sur certains. Non, ce n’est pas le hasard. Je trouve ça beau. Je faisais de la photo quand j’étais aux Beaux-Arts, beaucoup d’argentique. J’ai appris à regarder les images devant la lumière en noir et blanc. Tout de suite ça te met dans une atmosphère très ténébreuse, dans une sorte de vieux film western contemporain ou film noir. Comme je fais le montage de mes clips, monter en noir et blanc, c’est quand même moins difficile que de monter des images couleur parce qu’il y a un travail d’étalonnage plus simple.

Harmony : Je conçois ce qu’Agathe vient de dire, parce que je me suis mise à monter mon clip également toute seule. C’étaient des images en mini DV, en cassette couleur, mais des couleurs un peu spéciales. Trouver une espèce de cohérence avec des caméras mini DV qui sont en réglage automatique et qui prennent la lumière tellement différemment avec des trucs pas toujours très jolis, c’était un casse-tête au niveau de l’étalonnage. Mais le côté crade de l’image nous a un peu sauvés là-dessus. On a pu tricher sur des trucs.

Agathe : C’est un vrai boulot de faire ça.

 

Image retirée.

Pouvez-vous nous parler de l’EP pour Harmony et de l’album pour Agathe ? Tu parlais tout à l’heure de collaborations sur l’EP par exemple.

Harmony : Il y a différents niveaux de collaboration sur l’EP. Le single qui est sorti était accompagné d’un clip. C’est une façon de mettre en avant ce travail qui a été fait autour de cette musique en images. J’ai travaillé avec Anatole Badiali sur la réalisation du clip qu’on a coréalisé ensemble. Sur l’EP en lui-même, j’ai pré-produit et produit un certain nombre de titres et on a retravaillé en co-composition et en production avec Valentin Barbier sur deux titres, avec Alexis Plateroti sur un autre titre. Il y a d’autres arrangements d’autres musiciens, Louis Lalevée de Hada, Arthur Huiban qui jouait aussi beaucoup avec Valentin Barbier, Jérémy Trombetta sur « IMH ». Ben Silver de Cyber Solis est également intervenu dans certains arrangements. C’étaient des collaborations qui étaient là depuis un moment parfois. Les titres ont évolué et la finalité est un travail à plusieurs mains. Ça a été mixé par Louis Lalevée.

 

Image retirée.

De ton côté Agathe, Y a-t-il également eu des collaborations sur ton album ?

Agathe : Il y a eu beaucoup de collaborations sur cet album. C’est Axel de Metro Verlaine qui m’a mis un coup de pied au cul pour que j’aille en studio. Il m’a fait rencontrer Arthur Guégan qui a son studio à Evreux. On est rentrés en studio tous les trois avec l’idée d’arranger mes compos qui étaient toutes en guitare-voix. C’est vraiment un univers que j’ai découvert à ce moment-là, même si je commençais à faire quelques trucs sur mon ordinateur pendant le confinement. J’étais loin de savoir beaucoup de choses que j’ai appris au studio, comme jouer au clic. Ça a été hyper formateur et il y beaucoup de monde qui est intervenu sur des chansons par-ci par-là. On a co-produit avec Léo Vauclin quelques morceaux ensemble. Il m’a permis de coucher la batterie et il a fait un peu de synthé. Bertrand Geslin du groupe Huit Nuits et batteur de Métro Verlaine a fait « Witches Boom » à la batterie. Lucie, ma coloc de l’époque qui est violoniste, est intervenue sur pas mal de morceaux de l’album. Il y a donc un travail de co-composition et de co-production très présent sur cet album.

 

Vous avez pour point commun d’avoir participé aux auditions des iNOUïS du Printemps de Bourges. C’était cette année pour toi Agathe, et en 2021 pour Harmony avec le projet Bison Chic. Est-ce que cela a été une bonne expérience pour vous ?

Harmony : Avec Bison Chic, c’était une expérience de tremplin avec tout ce que cela comporte. C’était une chouette expérience, mais c’était un peu particulier parce que c’était la première fois qu’on jouait ensemble en public entre guillemets, parce que c’était l’année où il n’y avait pas de public. On avait été en résidence au Normandy à Saint-Lô et on avait fait une petite restitution. C’était un rendez-vous particulier pour nous de jouer pour la première fois sur ce tremplin. C’est arrivé très tôt dans le projet, mais c’est un autre débat. 

Agathe : C’était mon premier tremplin, il y a ce principe de concurrence qui existe et qui est assez pénible. Il faut passer au-dessus. C’est le côté changement de plateau hyper rapide que je retiens le plus parce que j’ai trouvé ça très formateur. Et jouer dans des conditions comme ça, c’est chouette également.

 

Un autre point commun, c’est votre engagement pour la place des femmes dans les musiques actuelles. Est-ce que de votre point de vue, il y a du mieux ces dernières années avec cette prise de conscience et différentes actions qui sont menées ?

Harmony : Il y a forcément une évolution positive, mais c’est une évolution lente. Il y a encore beaucoup de choses à faire, il y a encore beaucoup de réflexes qui ne sont pas là. Il y a des écueils à cette évolution-là qui sont le fait d’avoir de plus en plus d’événements qui brandissent un peu cette lutte, cause, - on peut l’appeler comme on veut - de populations invisibilisées dans les musiques actuelles qui le prennent en étendard sans vraiment travailler le reste du temps sur ce sujet-là. C’est un chantier qui sera toujours en perpétuel mouvement avec des retours en arrière et des avancées. Je pense que depuis ces dernières années, on parle plus de ça, c’est le sujet de beaucoup de débats et de rencontres professionnelles dans les musiques actuelles. Mais quand tu regardes les programmations, ce n’est pas encore ça, comme pour les postes de direction. Il y a encore beaucoup de catégorisation, de types d’emplois dans les musiques actuelles où on va toujours retrouver les mêmes profils. 
Oui, c’est une bonne évolution, mais il y a encore du chemin pour que cela ne soit plus un sujet à débat et que ça devienne juste quelque-chose de normal.

 

Tu es notamment proche de Fraca Label.

Harmony : Je travaille avec ce label depuis fin 2020. Il agit beaucoup en dehors de son activité label sur ces problématiques et il intervient régulièrement avec leurs fondatrices Katel, Robi et Emilie Marsh. En ce moment, Fraca se restructure un peu en termes de projets, on collabore un peu moins tout de suite, mais c’est vrai qu’on est très proches. Elles ont notamment été invitées en tant que partenaires sur Echo Chamber, le festival que j’ai co-organisé en octobre dernier. On avait fait un rendez-vous autour de la place des personnes invisibilisées dans les musiques actuelles. Ça fait partie de mes engagements.

 

Image retirée.
@Charlotte Romer

De ton côté Agathe, il y a eu l’année dernière également une rencontre entre artistes féminines au Cargö. Peux-tu nous en parler ?

Agathe : On a monté un collectif avec Margaux et Flavie du Biches Festival, le Biches Club avec plusieurs artistes féminines à des niveaux de développement totalement variés. Ça a été hyper intéressant, on a eu des formations, et c’était intense. On a refait une autre résidence fin 2022 à Evreux. On garde contact et on aimerait bien faire en sorte que le collectif soit de plus en plus régulier et puisse attirer de plus en plus d’artistes, faire des flyers pour informer.

 

Il y a des morceaux qui ont été composés je crois. Est-ce qu’on a une chance de les écouter un jour ?

Agathe : Oui, il y a des petites compos qui ont été faites. Pour l’instant ce sont des maquettes. Ces questions concernant la place des femmes sont très présentes pour moi aussi. Quand j’étais aux Beaux-Arts, c’était déjà le grand flou par rapport à tout ça, et arrivée sur mon master, ce sont des questions qui ont commencé à entrer et à devenir évidentes. C’est arrivé assez soudainement je trouve, et je me souviens qu’il y a pas mal de profs qui en ont pris pour leur grade. Tant mieux que ça commence à être discuté, parce que quand on regarde encore actuellement, même s’il y a une progression, elle est ultra lente. Quand on regarde les chiffres, c’est problématique.

 

Vous avez la sensation d’avoir plus de dates qu’auparavant avec cette sensibilisation qui est faite autour de la sous-représentation des populations invisibilisées dans les musiques actuelles ?

Agathe : Oui, je pense qu’il y a une forme de discrimination positive.

Harmony : C’est un peu l’écueil dont je parlais tout à l’heure, c’est la fameuse question des quotas. Quand tu commences à mettre en place notamment des commissions égalité femmes-hommes, ou le fait qu’il y ait des financements qui soient assujettis à cette donnée, ce qui est en soi positif, il s’agit d’une bonne intention. Mais cela peut devenir problématique par rapports à certains autres points. J’ai l’impression qu’on va me proposer des dates justement parce que je suis une femme seule sur scène et que ça peut tomber dans la case « il faut tant de femmes dans la programmation ». C’est effectivement comme le dit Agathe, une forme de discrimination positive, ce qui peut aussi poser quelques problèmes. Après, je n’ai pas le sentiment que cela ne soit motivé que par ça. La question ne se posait peut-être pas avant.

Agathe : Avec le temps, cette égalité deviendra logique, pour le moment ça ne l’est pas. Ça entrera dans les mœurs et il faut y croire.

Harmony : Oui, et cela ne concerne pas seulement les femmes. Je parlais tout à l’heure de personnes invisibilisées, parce que cela concerne toute minorité, tout type de population sous-représentée dans la culture en règle générale. C’est un peu dommage qu’on doive mettre des carottes institutionnelles ou même budgétaires pour pouvoir faire avancer les choses. Je pense que c’est un pas pour que cela devienne un réflexe, quelque chose de normal et qui soit représentatif. Agathe parlait des Beaux-Arts tout à l’heure, et c’est vrai qu’il y a beaucoup de femmes dans les écoles d’art, les conservatoires, les écoles de musique associatives, il y a beaucoup de femmes qui pratiquent les arts, mais elles se perdent en route très vite. Il y en a peu qui vont vraiment faire carrière là-dedans en comparaison avec les hommes. Les minorités de genre en règle générale sont sous-représentées. C’est systémique : en termes d’éducation, en termes de sentiment d’illégitimité, on perd ces personnes-là en route. Peut-être que si le système change vraiment de manière générale, ça évoluera de manière plus automatique et instinctive.

 

A propos de dates justement, Agathe, tu es programmée dans la tournée Aérolive du TFT cette année.

Agathe : Oui, tout à fait. Le 4 juin à Vernon, le 15 août à Lion-sur-Mer, le 2 septembre à Rocquencourt et le 16 septembre à Caen.

 

C’est la première fois que tu fais la tournée Aérolive ?

Agathe : Fin 2022, j’ai fait la tournée Aérolab, et la tournée Aérolive pour la sortie de l’album, c’est super chouette. Il y a pas mal de groupes du Biches Club dans cette tournée comme Miah Moss ou Maddy Street. Mis à part la tournée Aérolive, je joue le 20 mai à Paris au Supersonic et ensuite je tourne pas mal avec la sortie de l’album. Je fais deux release party, une à la Brasserie Spore le 3 juin avec Hada et je rejoue le 7 juin avec Hada au Portobello. Je joue également au CSALP le 10 juin. Ma deuxième release party le 20 juin avec mon label avant de partir en tournée à Poitiers et Bordeaux. 

 

Tu as également fait quelques concerts dans le département de l’Eure avec le réseau AMARE qui organise ces concerts en milieu rural.

Agathe : Je suis contente de faire ces concerts, parce qu’il y a des gens qui se déplacent et qui ne vont pas forcément voir des concerts en temps normal.

 

Harmony, concernant les dates à venir, j’ai vu quelques dates parisiennes prochainement.

Harmony : Oui, le 9 mai au Studio L’Ermitage et le 17 mai au Pop Up du Label. Pour l’instant ce sont les seules dates. Cet été, je suis pas mal occupée avec mon autre casquette de chargée de production. Je bosse sur des résidences d’artistes avec les Ateliers Médicis en milieux qui ont moins accès à la culture, avec une mission plutôt sociale. Je vais reprendre les concerts à la rentrée.

 

Image retirée.
@Clémence Catherine

Est-ce qu’il y aura un deuxième Echo Chamber cette année ?

Harmony : Pas cette année, il y en aura peut-être un autre plus tard. Echo Chamber, c’est la rencontre de La Fée Couinée et de Lilie’s Creature et on est tous sur pas mal de projets différents cette année. Comme c’était un gros morceau à gérer, on se dit que c’est un rendez-vous qu’on peut recréer de manière biannuelle ou plus, mais pas cette année. La question se pose également de savoir si on continuera à faire l’événement à l’Eglise Saint-Sauveur à Caen. Historiquement, avec Lilie’s Creature, on a fait beaucoup de choses là-bas. C’est un lieu qui est super, mais qui a aussi énormément de contraintes techniques et administratives. On est attachés à ce lieu, mais à voir comment on refait quelque chose dedans.

 

Pour terminer, avez-vous quelques questions à vous poser ou des choses à vous dire ?

Harmony : Il faudrait qu’on se rencontre en vrai.

Agathe : Oui, ce serait chouette. Je suis assez intimidée, parce que tu as l’air d’avoir une forme de maturité par rapport à ton projet, la manière dont tu parles, les mots que tu emploies, c’est assez fascinant.

Harmony : C’est pas comme ça que je me perçois, mais c’est gentil. Maturité sur le projet, je ne sais pas. J’ai attendu super longtemps avant de le sortir. Pour moi, il est un peu là depuis longtemps et il est tout nouveau aux yeux des autres. C’est ça qui est assez marrant. Et j’aime beaucoup ce que tu fais.

Agathe : Merci, j’aime aussi ce que tu fais et ce côté hyper dark. Sur scène tu joues toute seule ? Comment tu restitues tous les arrangements et comment gères-tu cela toute seule ?

Harmony : Sur les premières scènes, j’ai joué avec des personnes. Ça a été des one shot, mais une fois que le projet a été construit et enregistré sous sa forme EP, il fallait voir comment j’allais le restituer. C’était plus simple pour moi d’être seule sur scène dans un premier temps, mais à terme, j’ai envie de jouer avec des gens parce que l’exercice d’être seule sur scène, ce n’est pas un truc qui me convient en soi. Et si je veux vraiment retranscrire l’énergie de mes nouveaux morceaux qui sont un peu plus sur des formats électro, dark-wave, ils sont plus sympas à faire en duo sur des machines. Il y a une énergie qui est difficile à tenir toute seule ou alors tu as vite tendance à te transformer en live un peu DJ, et je n’ai pas forcément envie d’aller là-dedans. Pour l’instant, c’est aussi beaucoup de samples, j’essaie aussi de rebosser des arrangements un peu spécifiques au live. Je joue du synthé, que ce soit modulé analogique ou vraiment du synthé, un peu de guitare aussi, je me concentre pas mal sur le chant, je joue avec les effets sur certains aspects des arrangements. L’idée, c’est sur la fin de mon live, de repartir un peu plus sur une impro électro. Mais je ne trouve pas ça idéal d’être toute seule.
J’aurais pu prendre un chemin complètement différent, repartir plus sur le côté organique et très arrangé de certains morceaux, constituer un full band et tout recréer en live.

Agathe : Peut-être pas forcément en full band, mais déjà en duo parce que ça décharge. Je ne sais pas si j’aurais assumé d’être toute seule avec juste la prod derrière et de bidouiller des trucs, faire de la guitare de temps en temps. J’aurais trouvé ça hyper dur. 

Harmony : C’est vrai que tu ne te reposes que sur toi. J’ai une expérience en duo où on est sur un format électro pop. On a la MPC qui tourne, mais on est quand même deux à jouer, moi au synthé, lui à la guitare et effectivement, il y a une énergie commune.  Quand tu es seule avec tes machines devant le public, tu portes tout et il faut aller au bout du truc. A la limite, je trouve ça plus simple quand tu es en guitare-voix, parce que tu dépends moins de la technologie et moins de l’énergie d’une prod qui est derrière toi et qui te pousse même si tu n’es pas dans cette émotion-là à ce moment-là. Je ne sais pas ce que tu en penses, j’imagine que tu as dû faire des live toute seule.

Agathe : Je continue à faire du solo en guitare-voix folk hyper acoustique. Je verrais difficilement une sorte d’intermédiaire entre les morceaux ultra folks et les morceaux arrangés… je suis contente d’être accompagnée parce que ce n’est pas pareil de se rattraper quand tu as les machines derrière.

Harmony : En duo, c’est quoi votre set up ? 

Agathe : On balance des prods. Pour moi, il y a chant avec des effets, ma guitare qui intervient beaucoup. Léo prend en charge le Sound bass, il balance les prods, parfois il fait du synthé et de la guitare électrique. Tout ça en moins pour moi, ça fait du bien.

Harmony : Ton parcours aux Beaux-Arts a nourri ton projet en musique ? Tu penses beaucoup images dans ta musique ? Et pourquoi finalement plus la musique que la pratique des arts visuels ?

Agathe : La pratique des arts visuels, je l’ai grâce à la musique, parce que je fais mes photos de presse, j’ai conçu le design de ma pochette d’album à partir d’une gravure que j’ai faite. La musique me permet de continuer à pratiquer les arts visuels et je pense que je suis vraiment influencée par le cinéma, y compris dans la manière d’envisager la musique. Je crois que je vois assez vite des images avec ce que j’écoute.

Harmo Draüs : Je trouve que c’est un truc qu’on ressent quand on écoute ta musique, le côté cinématographique de la musique.

Agathe : Je suis contente si ça se voit.
    
 

    


 

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