Le projet de loi de finances (PLF) 2026, actuellement examiné au Parlement, fait l’objet d’une attention particulière des actrices et acteurs de la Culture en Normandie. Les mesures envisagées sont susceptibles d’avoir des conséquences structurelles pour une part significative de nos adhérents et la filière des musiques actuelles. Le PLF en cours d'arbitrages fixe le budget de la mission Culture de l’État à 3,54 milliards d’euros.
Ce montant « traduit une diminution de 170 millions d’euros, soit une baisse de 4,6 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2025, qui s’élevait à 3,71 milliards d’euros. »[1]
Les orientations budgétaires évoquées laissent entrevoir plusieurs ajustements notables. La réduction des subventions au CNM - établissement public du ministère de la Culture, est estimée à 7 millions d’euros, serait partiellement compensée par un déplafonnement de taxes sur la billetterie des spectacles et sur le streaming. Parallèlement, les programmes dédiés à la création (programme 131) et à la transmission des savoirs et à la démocratisation de la culture (programme 361), connaîtraient une diminution de l’ordre de 3 à 4%.
Certains points de vigilance concernent des aides à l’emploi (FONPEPS) et le soutien au fonctionnement des radios associatives (FSER), dont les baisses annoncées pourraient fragiliser durablement certaines structures, déjà confrontées à des tensions financières importantes. D’après le communiqué publié par le Syndicat des Musiques Actuelles (SMA) la semaine du 22 octobre 2025 et les données issues du Baromètre 2023 des structures adhérentes de NORMA, 10 structures adhérentes seraient directement concernées par la baisse du Fonds national pour l’emploi dans le spectacle (FONPEPS), dont les crédits passeraient de 55 à 39 millions d’euros. Dans un contexte déjà marqué par un certain flou sur les calendriers, cette contraction budgétaire interroge la capacité des acteurs à s’engager dans de nouveaux projets et leur capacité à maintenir ceux à l’œuvre.

La situation apparaît tout aussi préoccupante pour les radios associatives. Le projet de loi prévoit une réduction de 16 millions d’euros du FSER, soit une baisse de 44 % de l’enveloppe allouée. Celui-ci passerait de 35,3 à 19,6 millions d’euros, menaçant l’équilibre économique de nombreuses structures. Selon le Syndicat national des radios libres, « plus de la moitié des radios associatives et jusqu’à 80 % des emplois du secteur pourraient être affectés »[2]. NORMA compte parmi ses adhérents 5 radios potentiellement concernées par ces ajustements : Radio Phénix et Radio 666 dans le Calvados, Radio Pulse dans l’Orne, Avranches FM dans la Manche et Radio Ouest Track en Seine-Maritime. Ces coupes budgétaires risquent d’aggraver les difficultés de fonctionnement déjà observées. L’enjeu dépasse d’ailleurs le seul cadre de la diffusion radiophonique : c’est toute la chaîne de valorisation des musiques actuelles – artistes émergents, festivals, producteurs et acteurs de la filière – qui pourrait en sortir fragilisée. Le contrat de filière et l’appel à projets « Soutien aux actions des radios et webradios associatives pour la valorisation de la scène régionale des musiques actuelles » construit par les 10 partenaires signataires du contrat de filière (l’État - DRAC Normandie, le CNM, la Région Normandie, le Département de l’Eure, le Département de la Manche, le Département de l’Orne, le Département de la Seine-Maritime, la Ville de Caen, la Ville du Havre et la Métropole Rouen Normandie) s’inscrit en ce sens.

Enfin et plus largement, la réduction des dotations de l’État aux collectivités locales, ajoute un élément d’incertitude supplémentaire. À l’approche des échéances municipales de 2026 et présidentielles de 2027, ces évolutions interrogent la soutenabilité du modèle culturel actuel et la capacité des territoires à maintenir une offre artistique diversifiée et accessible. Ces sujets figureront naturellement parmi les priorités des prochains rendez-vous de NORMA, lors des réunions territoriales prévues en mars 2026 et des rencontres professionnelles organisées à Caen les 28 et 29 mai 2026.
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Lien vers la synthèse du Baromètre des structures adhérentes